Nous revoici revenus aux grandes heures du glamour. Cette fois un glamour international et James Bondesque tout à la fois. Attention, voici venir le souvenir sauvage d’Aliza Gur, la gitane bagarreuse de « Bons Baisers de Russie ».
Les parents d’Aliza Gur ont fui la montée du national socialisme en Allemagne et se sont installés à Haïfa dans ce qui est alors la « Palestine mandataire ». C’est là que viendra au monde, alors même que la fureur nazie extermine son peuple, la petite Aliza Brut. Nous sommes le 1 Avril 1942 et non en 1944 comme on peut le lire hélas partout. Un petit frère suivra la jolie Aliza.
Aliza grandit donc à Haïfa. Beauté radieuse, étudiante studieuse exceptionnellement douée puisqu’elle parlera outre son hébreu natal et l’allemand, l’anglais, le français et l’italien. Des journées d’étude bien remplies qui lui laissent le temps de participer au concours de miss Haïfa en 1959. Ce qui au passage rend impossible une naissance en 1944 puisque notre jeune beauté n’aurait que 15 ans à l’heure de coiffer sa première couronne de reine de beauté.
Concours qu’elle remporte et qui lui ouvre la porte de la compétition de « Miss Israël ».
Concours qu’elle emporte et qui lui ouvre la porte du concours de miss Univers 1960
Concours qui se déroule à Miami Beach, mais concours qu’elle ne remporte pas, elle sera la deuxième dauphine de l’américaine Linda Bement.
Détail amusant, les candidates au titre tant convoité sont toutes logées dans le même hôtel et Aliza partage sa chambre avec la blonde miss Italie. Une certaine Daniela Bianchi qui sera couronnée première dauphine et qu’elle retrouvera à l’affiche de son premier film « Bons Baisers de Russie » trois ans plus tard!
Evidemment, depuis que le cinéma et les concours de miss existent, ils font bon ménage et Aliza ne fut pas en peine de trouver quelques intéressantes occupations. Le temps de baptiser le premier bateau qui ferait la liaison Israël-Los Angles, elle se retrouve précipitée à la télévision où Jerry Lewis s’enticha d’elle et fait des pieds et des mains pour l’avoir comme partenaire dans son prochain film.
Déjà l’embarras du choix. On lui propose également un rôle dans « Exodus » au côté de Paul Newman et Eva Marie Saint. Mais il y avait un obstacle de taille. Il faudrait qu’Aliza non seulement soit autorisée à prolonger son titre de séjour sur le territoire américain mais aussi qu’elle se libère de ses obligations militaires en Israël. La seule solution c’est qu’entre l’obtention de son diplôme universitaire et son appel sous les drapeaux pour un service militaire de deux ans, Aliza se marie. Mais y tient elle vraiment?
Tient elle vraiment à se dérober à son devoir de jeune Israélienne?
Finalement, après avoir porté haut les couleurs de son pays en Amérique, elle rentrera en Israël accomplir ses obligations militaires et devenir une parfaite combattante pour la défense de sa nation. On peut douter que le maniement de la mitraillette ait été la grande affaire de sa vie mais au moins, Aliza pourra revenir en Amérique et s’installer à Los Angeles la conscience tranquille et la satisfaction du devoir accompli.
Ses parents vont d’ailleurs eux aussi quitter Israël pour se rapprocher de leur fille adorée. Ils s’installeront à Cleveland en Ohio où le père d’Aliza a trouvé situation.
Aliza, elle, devient James Bond Girl!
L’emploi n’es pas encore très prestigieux et on fait encore de petites moues dubitatives dans les hautes sphères du septième art mais on le sait, la légende est en marche. Aliza y inscrit son nom et restera dorénavant liée à la saga la plus culte du cinéma.
En 1964, la James Bond Girl visite un hôpital londonien dernier cri avec une meute journalistique agrippée à ses talons aiguille et tombe amoureuse du directeur de l’hôpital qui lui sert ce jour là de Cicérone. Le 10 Octobre 1964 elle épouse monsieur Seymour Schulman et s’installe à Londres où elle n’était guère venue que pour les aventures de James.
Doublement importée, d’Israël d’abord et d’Amérique ensuite, la presse s’intéresse à l’actrice. On parle des contrats qu’Hollywood lui propose, de son prochain film chez Universal. Puis très vite on parle d’elle comme d’une actrice oisive qui se distrait en peignant fort bien pendant que monsieur soulage l’humanité de ses maux.
Pourtant Aliza tourne. Un peu pour le cinéma, parfois même en premier rôle et s’applique à être une comédienne reconnue pour son talent ou en tout cas son professionnalisme.
On se souvenait de Marilyn qui trimballait partout les œuvres complètes d’auteurs français pour faire admettre au monde qu’elle savait lire. Aliza se promène avec une table de billard, heureusement pliable sur laquelle elle s ‘entraîne dès qu’elle a cinq minutes. Pour son prochain rôle elle jouera une joueuse professionnelle face à Jack Palance.
Plus tard elle délaissera le billard et les pinceaux pour les échecs et cette éternelle perfectionniste brillera dans des concours internationaux où il va de soi, elle défendra les couleurs d’Israël.
Malgré tous ses louables efforts et des qualités qui ne sont pas contestables, Aliza ne réussira pas à s’imposer au cinéma et n’aura somme toute qu’une carrière très confidentielle comparée à sa notoriété personnelle. En 1978, divorcée, elle épouse Sheldon Schrager qui n’est autre que le gérant en poste des studios Columbia. Aliza quitte alors Londres pour Beverly Hills où elle s’établit définitivement car bien qu’une seconde fois divorcée, elle y réside toujours.
Elle a très longtemps été le porte parole des femmes israéliennes en Amérique mais n’est plus reparue devant une caméra depuis 1973.
Celine Colassin
QUE VOIR?
Filmographie complète
1963: From Russia with Love: Avec Daniela Bianchi , Martine Beswick et Sean Connery
1964: The Beauty Jungle: Avec Janette Scott et Ian Hendry
1964: Night Train to Paris: Avec Leslie Nielsen
1966: Agent for H.A.R.M.: Avec Barbara Bouchet et Wendell Corey
1967: Kill a Dragon: Avec Jack Palance et Fernando lamas
1968: The Hand of Night: Avec Diane Clare et William Sylvester
1968: Tarzan and the Jungle Boy: Avec Mike Henry