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CHARLOTTE RAMPLING



Charlotte Rampling naît le 5 Février 1946 à Sturmer en Angleterre.

Son père, Godfrey Lionel Rampling est plutôt haut en couleurs.

Colonel dans l’armée de sa très gracieuse majesté, Godfrey a déjà 37 ans à la naissance de Charlotte, sa seconde fille.

Jeune homme, Godfrey Rampling ambitionnait d’intégrer la Royal Navy mais il se fit aimablement recaler car on lui trouva le souffle trop court.

Sans doute scandalisé par ce verdict sans appel, il se mit à la course à pied comme un forcené.



Résultat, il finit par intégrer l’équipe nationale de course relais en 400 mètres et se retrouve sélectionné pour les jeux olympiques de 1936. Rien n’est plus motivé qu’un officier anglais vexé qui trouve l’occasion de prendre sa revanche.

L’Angleterre se hisse à la première marche du podium, devant les USA, ne laissant à l’Allemagne qu’une troisième place.

Hitler qui déjà, déteste le sport et vit ces jeux comme un pensum nécessaire à sa gloirene décolère pas. Leni Riefenstahl qui filme les jeux pour son führer chéri trouve au contraire l’athlète Rampling très ciné génique et ne se prive pas de le filmer pour le plus grand bonheur de la postérité et des futures sœurs Rampling.

Plus tard elle pourront admirer leur papa dans une performance qui fit trépigner de joie tout un monde encore libre.

A côté d’un tel phénomène, madame Rampling mère est relativement effacée. Effacée mais d’une beauté époustouflante. Ou pour être plus exacte, elle n’est pas effacée mais absente.

Anne Isabelle, née Gruteen se veut peintre et se veut libre. Blonde à ravir elle semble toujours surgir des pages du magazine VOGUE ou d’un film hollywoodien. Alors elle vit sa vie, surgit, s’éclipse, disparaît, s’envole, revient et repart.

Au passage, une vague caresse sur les joues de ses filles et peut-être se plaindre d’unmari vraiment trop rigide qui ramène le règlement militaire jusque dans la cuisine, le jardin et la chambre. Très peu pour elle.

Les deux filles du couple, Charlotte et Sarah l’aînée de trois ans apprennent avant toutes choses à se taire. Si on leur avait dit que leur mère était en réalité un courant d’air, une bourrasque de printemps ayant l’étrange apparence d’une blonde délicieuse, elles l’auraient cru sans peine. Probablement sans même être étonnées.

Alors elles grandissent surtout dans le giron paternel. Ce n’est pas drôle tous les jours.

Les deux petites filles ont appris très tôt à se fondre dans le décor sans se faire remarquer pour ne pas susciter une éventuelle colère paternelle. Charlotte vit les yeux rivés sur sa sœur qu’elle trouve si belle. Bien qu’elle soit la cadette de Sarah, elle a l’impression d’être venue sur terre pour la protéger, veiller sur elle et la secourir. 

Comme si à peine descendue de son berceau, elle sentait chez cette sœur adulée, une fragilité, une fêlure, quelque chose de sombre. De brisé peut-être.

Quelque chose d’une terrible gravité malgré leurs jeux, leurs rires et leurs farces.

Elle, par contre se déteste. Elle rêve depuis toujours d’avoir de grands yeux comme les mannequins en couverture des magazines. 

Les siens sont tout petits, avec les paupières qui leur tombent dessus, toujours gonflés pour un oui ou pour un non.

Charlotte a huit ans lorsque la famille Rampling quitte l’Angleterre pour s’installer à Fontainebleau. Un exil qui stupéfie la petite fille.

Elle ne pipe pas un mot de français.

Elle qui était un authentique moulin à paroles se sent stupide, idiote, inadaptée, humiliée. Charlotte déteste ne rien comprendre.

Le français lui est hermétique. Alors elle se tait. Un mutisme absolu.

Jusqu’à ce qu’elle sache un jour, à la stupéfaction générale, s’exprimer dans un français correct et bien maitrisé. Elle s’est tue toute une année.

Les filles s’étaient retrouvées dans une institution catholique, éduquées par des nonnes, ce qui n’était guère plus folichon que le climat familial.

Le lien entre les sœurs Rampling s’était encore resserré d’autant.

Lorsque la famille regagnera l’Angleterre, les filles du colonnel Rampling maîtriseront parfaitement le Français et se produiront d’ailleurs dans les Pub’s du quartier, duettistes en bas résilles, petit béret et imperméable.



Attirail de la petite française coquine qu’elles estiment bien dans le ton pour chanter les rengaines de l’époque telles « C’est si bon » ou « Couchés dans le Foin »

On a souvent vu là le désir d’une vocation précoce. En fait, il est de tradition à l’époque que les clients du Pub du quartier fassent tous leur petit numéro. Qu’il s’agisse de chanter, lire des poésies ou raconter de bonnes blagues.

Même madame Rampling mère présente régulièrement un « petit quelque chose ».

Sans connaître toutefois le succès de ses filles qui se rebaptisent pour l’occasion : « The Colonnel Daughter’s » ! Lequel colonel, mis au parfum mettra le halte là à ces débordements scandaleux !

Un jour, il se plante devant Charlotte. Pourquoi devant elle et pas devant sa sœur ?

D’un ton glacial, acéré comme le métal d’une guillotine il lui lance « Tu ne chanteras pas ! »

Cette courte phrase si ferme, si décidée avait claqué si fort dans le cœur de la jeune fille qu’elle ne chanta pas ce soir-là. Ni plus jamais de sa vie.

Charlotte Rampling aura 20 ans en 1966.

Ce n’est pas rien.

Surtout à Londres qui vit à l’heure de la POP et libère sa jeunesse de siècles de contraintes, leur ouvrant les portes d’une liberté qui semble sans limites et devoir durer éternellement. Tant pis si ce ne sera qu’un beau rêve.

Il valait la peine d’être vécu et Charlotte Rampling vivant au cœur même de ce boulversement social et culturel en profita pleinement. D’autant qu’elle avait le physique idéal de son époque.

Cette liberté nouvelle a balayé d’un coup les ersatz de Marilyn Monroe aux formes pulpeuses. La mode est aux filles androgynes aux longs cheveux raides telles Julie Christie, Vanessa Redgrave, Jane Birkin et consœurs.

Les nouvelles enjôleuses ne sont plus des « vamps », ce sont des « Birds » et Londres est précisément le nid de prédilection de ces charmantes oiselles.

Charlotte est parfaite et apès une coutre étape chez les créateurs de Carnaby Street pour qui elle pose, Charlotte Rampling apparaît au cinéma en 1964.

Elle a dix-sept ans.

Elle reçoit son premier cachet. 2.000 livres. 

Assez pour passer son permis, s’acheter une petite voiture et louer un appartement dans Londres.

Elle n’avait strictement rien fait pour ça. Elle n’y avait même probablement jamais songé. On l’avait arrêtée dans la rue pour lui proposer un bout de rôle. Elle avait pris de faux airs de vedette déjà très sollicitée pour répondre dans une moue faussement dubitative

« Oh, je ne sais pas, faut voir, c’est quand ? Ah, je crois que je n’ai rien de prévu…D’accord ».

Mais elle commettra l’erreur d’aller voir ce premier film. « Rotten to the Core ». Elle s’attendait au pire. Voir ses yeux hideux sur un grand écran lui paraissait devoir être une horreur insurmontable. Mais c’est lorsqu’elle entend sa voix qu’elle fiche le camp du cinéma en hurlant. Elle qui est depuis toujours sensible aux belles voix bien modulées, elle s’entend parler comme une porte de cave qui grince. 

Elle mettra plus longtemps encore à accepter sa voix que ses yeux.

Leur sort sera réglé lorsque quelqu’un lui dira avec beaucoup de sincérité « Vous avez de si beaux yeux ». Effarée elle répondit « Vous êtes dingue ? »

Mais elle accepta de les regarder avec un peu plus d’objectivité.

Comme Jacqueline Bisset, autre belle bien dans l’air de son temps, elle débute vraimenten 1965 dans : « Le Knak et comment l’avoir ».

Beaucoup de jeune filles se promenant en rue ou ailleurs ont entendu cette fameuse phrase « Mademoiselle, voulez-vous faire du cinéma ? » Charlotte Rampling, elle, l’aura entendue deux fois.



Elle refera avec plus d’assurance le même coup que la première fois « Du cinéma ? Oh, j’en fais déjà, vous savez, ce n’est pas vraiment passionnant. Je ne sais pas, faut voir…C’est quel jour ? » Mais cette fois, la réponse la surprit quand même : « Ça dépend. Savez-vous faire du ski nautique ? » Et elle : « Evidemment ! Très bien, même ! »

Quand elle le raconte à sa sœur, Sarah est effarée de tant d’aplomb chez sa cadette.

Et Charlotte toujours aussi candide « Bin quoi ? C’est vrai qu’on a déjà essayé, non ? »

Charlotte continue dès lors son petit chemin de belle égérie et se retrouvera même dans un épisode de « Chapeau Melon et Bottes de Cuir » où elle est une très séduisante cowgirl.

Déjà, même si elle prétend être là en dilettante, elle prépare, mine de rien sa carrière à venir. Si elle n’y croit pas tout à fait, l’idée la titille quand même.

Qu’elle fasse une carrière d’actrice ou non, il ne sera pas dit que ce sera de sa faute si elle échoue. Alors elle va se faire photographier. Des dizaines de clichés sublimes qui vont inonder les bureaux des producteurs, des réalisateurs, des agents et des chaînes de télévision.

Des clichés sublimes d’une fille au physique terriblement dans l’air du temps, d’une classe folle, ultra sexy et en même temps très réservée. 

Et surtout avec une présence de dingue avec ce regard qui transperce.

La démarche est payante mais déjà Charlotte pose une fine analyse sur sa carrière débutante. Elle a tenu un rôle plus étoffé dans « Georgy Girl ». Un rôle non pas de garce mais peu s’en faut.

Le rôle d’une fille sans cœur et sans scrupules qui aime le sexe et couche sans aimer.

Elle interprète son personnage avec un tel naturel, une telle désinvolture que le public va associer Charlotte Rampling au personnage comme à Hollywood on a fait de Gloria Grahame une garce éternelle. Charlotte d’une lucidité rare laisse tomber avec toujours autant de désinvolture « Après ce coup-là, c’est fini pour moi les rôles de gentilles filles ! Je vais être condamnée à jouer les Meredith toute ma vie ».

Mais pour la fille de colonel qui connaît enfin les joies de la liberté et le plaisir de s’exprimer et vivre à sa guise, le destin va frapper de la manière la plus brutale qui soit.

Sa sœur avait grandi toute en blondeur et en joliesse. 

Là où Charlotte avait un physique très particulier, Sarah avait celui de la jeune fille de bonne famille parfaite et avait été élue « miss » par une marque de bière anglaise ce qui avait fait se tordre de rire sa jeune sœur.

Sarah a rencontré l’homme de sa vie. Un riche éleveur argentin qu’elle épouse et suit dans son pays. A l’époque, l’Argentine, c’est le bout du monde depuis l’Angleterre. 

La séparation déchire le cœur de Charlotte mais elle espère que sa sœur est heureuse. 

Elle ne l’est pas.

Sarah Rampling se suicide en Argentine trois mois après avoir mis un petit garçonprématuré au monde.

Pour Charlotte Rampling la douleur est insurmontable et l’acte désespéré de sa sœur incompréhensible. Sa sœur avait toujours été plus libre, plus fantasque, plus frivole, plus audacieuse. Charlotte veillait sur son aînée pour essayer de lui éviter au maximum de faire des bêtises.

Alors elle va se jeter dans le travail, elle va chercher du réconfort dans la spiritualité et les religions orientales.

L’actrice ne lèvera le voile sur cette tragédie familliale qu’au début des années 2000 après le décès de sa mère.

Bouleversée à l’extrême, Charlotte Rampling prend ses distances avec l’Angleterre où tout lui rappelle sa chère sœur et s’installe en Italie. C’est là qu’elle fera la rencontre décisive de Luchino Visconti qui la distribue dans « Les Damnés » avec Helmut Berger, Ingrid Thulin et Florinda Bolkan. Film de prestige s’il en est mais…classé X à sa sortie aux Etats-Unis.

Charlotte ne savait pas qui était Luchino Visconti.

Elle avait accepté le film parce qu’elle acceptait tout pour travailler, être occupée.

Être occupée à être une autre, un personnage qui n’était pas dans le deuil d’une sœur.

Exactement comme Catherine Deneuve qui se noya littéralement dans le travail après la mort de sa sœur Françoise Dorléac.

Pour Charlotte c’est dans le film qu’elle se noie. Elle n’y comprend rien. 

Visconti la dirige peu.

Même lors des essais de costumes elle se sent ridicule. Rien ne lui va.

Elle va trouver Visconti et lui dit « Regardez de quoi j’ai l’air ! C’est ridicule ! Personne ne peut me prendre au sérieux comme ça ! » Mais Visconti d’un ton sans appel lui dit « Tout ce qu’il me faut est là, dans vos yeux, je me fiche de vos robes, donnez-moi vos yeux pour mon film, ils portent toute la tragédie du monde ».

Charlotte ignorera toujours si Visconti était au courant de la perte de sa sœur qui la dévastait de désespoir. Mais sa remarque au ton sans réplique lui rappela une décision qu’elle avait prise bien plus tôt. Quand elle se trouvait encore bien laide comparée à sa sœur parfaite et qu’elle avait décidé que la beauté n’était rien. Qu’elle s’en fichait complètement et qu’elle n’y accorderait jamais d’importance.

Ce jour-là, l’actrice Charlotte Rampling naissait. Elle allait libérer son désespoir dans les scènes les plus dramatiques du film. Le libérer dans son regard.

Quant à son physique, on pourrait dorénavant en faire ce que l’on voudrait. Elle s’en fichait. Jeune ou vieille, belle ou laide, qu’importe. Plus tard, on s’étonnera de la désinvolture avec laquelle Charlotte Rampling joue de son physique alors qu’elle est considérée comme l’une des plus belles femmes du monde et peut-être la plus élégante avec qui seule Marisa Berenson puisse alors être comparée.



« On ne tourne pas des films pour parler de la beauté de Charlotte Rampling mais pour raconter des histoires où il n’est pas question de Charlotte Rampling mais d’un personnage qu’elle incarne. Maintenant si la beauté est importante pour ce personnage alors je m’efforce d’être à la hauteur. J’essaie de la jouer et dieu merci, j’y arrive. Ça ressort sur l’écran ». On lui oppose alors ses nombreuses photos de mode.

Charlotte Rampling est devenue une véritable égérie pour les couturiers qui voient en elle la quintessence de l’élégance, du glamour, du chic et de la classe absolue.

« Ça n’a rien à voir. Si ce n’est pas un film, c’est quand même un rôle, ce n’est pas le rôle de Charlotte Rampling, c’est l’incarnation de l’idée que les gens se font de Charlotte Rampling. Alors je le tiens du mieux que je peux, je fais ce qu’on me demande, je donne ce que j’ai à donner, je suis là pour ça. Mais j’avoue que je préfère être dans un film qu’en photo. La photo c’est beaucoup plus indiscret, on peut prendre le temps que l’on veut pour vous détailler à loisir. C’est plus difficile d’assumer sa nudité en photo que d’être nue sur un écran. Dans un film il y a un contexte, une situation, il y a surtout l’écran du personnage et de son rôle. Dans un film ce n’est jamais tout à fait Charlotte Rampling qui est nue mais une autre personne à qui je prête un corps et un visage »

Pour le public, le nom de Charlotte Rampling, cette actrice aussi discrète que superbement élégante va dès la sortie des « Damnés » se parfumer de souffre, parfum du scandale comme chacun sait. La belle semble et semblera toujours ignorer superbement les mines effarouchées de ceux qu’elle choque.

Son mariage en 1972 avec l’acteur Bryan Southcombe n’est pas fait pour calmer les esprits.

Le jeune marié étant également très épris d’une jeune « top modèle », le couple décide de faire ménage à trois afin que ce cher Bryan n’ait pas à trancher dans ses affections.

Le couple aura un fils, Barnaby, avant de divorcer en 1976 et j’ignore si la jolie concubine en fut la marraine. Libre dans sa vie, Charlotte Rampling le reste au cinéma et soulève le scandale avec le film sulfureux de Lilliana Cavani : « Portier de Nuit » en 1974. Jeune maman, Charlotte pouponnait lorsqu’elle reçoit le scénario.

A sa stupéfaction, ce n’est ni le producteur ni la réalisatrice qui lui proposent le film mais Dirk Bogarde. 

Charlotte l’avait bouleversé humainement et artistiquement sur « Les Damnés ».

Il voulait faire le film de Liliana Cavani mais uniquement avec Charlotte.

A lui, dès lors de la convaincre. Charlotte lit le scénario, l’aime, accepte le rôle du scandale.

Et tant pis si le budget frôle le rouge.

Si Charlotte Rampling ne fait pas du cinéma pour se faire admirer, elle n’en fait pas non plus pour être riche. Epouse guindée d’un chef d’orchestre célèbre qu’elle suit en tournée, Lucia son personnage retrouve son ancien tortionnaire de camp nazi devenu portier de nuit dans son hôtel. L’ancien nazi avait utilisé la jeune fille juive qu’elle était alors dans un jeu sexuel sadique. A la faveur de leurs retrouvailles fortuites, Lucia reprend par plaisir ses jeux avec son ancien bourreau.

Le scandale est immense, le film très dur et sans complaisance. 

Interdit dans certains pays, classé X dans d’autres, la critique est assassine, la presse scandalisée, l’opinion publique outrée mais le film devient culte.

Ce qui scandalisa peut-être le plus l’opinion c’est que Charlotte Rampling emmenait son petit Barnabé partout avec elle. 

Et donc, y compris sur le tournage de « Portier de nuit ».

Avec ses rôles risqués, ses films de grand prestige chez de grands réalisateurs, sa reconnaissance internationale, son allure de grande bourgeoise sophistiquée et distante, Charlotte Rampling a une « réputation » dès le milieu des années70. Cette de l’actrice de toutes les audaces, surtout les plus inacceptables.

Elle fait un peu peur. 

On la dit capricieuse, exigeante, difficile, hautaine, peu coopérative. On croirait entendre le portrait parlé de Faye Dunaway. Un portrait de grande star internationale.

Charlotte Rampling sera admirée, respectée, encensée, ultra célèbre. Elle ne sera jamais populaire mais après tout, elle n’a jamais prétendu briguer les lauriers de Sheila et Ringo.

 


Sur les tournages, les réalisateurs et leurs équipes sont toujours un peu surpris en découvrant cette femme vraiment simple et adorablement gentille, ne se plaignant jamais, toujours d’humeur égale et délicieuse avec tout le monde. Charlotte Rampling est libre et bien dans sa peau, se souciant toujours et encore de son image comme d’une guigne lorsqu’elle doit la mettre à mal. Elle s’épanouit dans son travail et dans l’ambiance des tournages. Elle parle à tout le monde elle sifflote, chantonne, s’esclaffe à la moindre plaisanterie. A l’époque ses parents viennent parfois la voir sur les tournages et lui amènent son petit garçon. Alors c’est toute la petite famille qui s’intègre comme faisant partie de l’équipe avec naturel et gentillesse. Quand il s’agit de tourner elle est ultra professionnelle, ultra consciencieuse. Elle donne tout même aux répétitions et c’est presque timidement que parfois elle fait une proposition au réalisateur.

Remariée en 1978 avec le compositeur Jean Michel Jarre, maman d’un petit David, Charlotte Rampling restera fidèle à sa ligne de conduite d’actrice discrète.

« Mon métier me passionne. Mon métier c’est être une actrice, pas une star. Je ne pourrais pas jouer toujours le même type de rôles, je finirais par me lasser, par ne plus faire d’efforts. Ce qui m’intéresse c’est explorer des univers, des vies, des personnages. Ça ne m’intéresse pas de perpétrer l’image de l’élégante et mystérieuse Charlotte Rampling.  Je vieillis et ça m’intéresse de vieillir aussi à l’écran. Je ne pouvais plus jouer « Portier de Nuit » quand j’ai tourné « Un taxi Mauve », je ne pouvais plus jouer « Max mon amour » quand j’ai tourné « Swimming pool », demain je jouerai encore autre chose. » Bien entend, elle revient de temps à autres secouer l’univers du cinéma d’un mini scandale dont elle a le secret.



Comme celui provoqué par « Max Mon Amour » en 1986 où cette fois son amant n’estplus un tortionnaire nazi mais un gorille. Bien entendu, Charlotte Rampling, star internationale est également à l’affiche de succès plus conventionnels comme « Verdict » de Sidney Lumet, « Adieu ma Jolie » de Dick Richards qui lui donne Robert Mitchum pour partenaire ou « Orca » de Michael Anderson où là c’est un orque qui lui donne la réplique (si j’ose dire). Robert Mitchum s’était tout d’abord déclaré ravi, voire honoré d’avoir Charlotte comme partenaire et avait déclaré la trouver charmante et impatient de découvrir l’humour de cette actrice qu’on lui avait tant vantée. Après le tournage, Charlotte dans une interview déclare être contente de cette année qu’elle termine en étant la troisième actrice la mieux payée à Hollywood. Et là Robert Mitchum s’esclaffe et lance « Ah voilà enfin de l’humour ! C’est encore bien plus drôle que tout ce que j’imaginais ! »

A la fin des années 70, le couple Jarre s’installe en France où Charlotte Rampling aura plus de chance avec le cinéma national que n’en eurent d’autres belles immigrées telles Olivia de Havilland, Marisa Berenson, Raquel Welch ou Jacqueline Bisset.

Relativement peu présente à l’écran, la belle Anglaise ne chôme pas pour autant.

Elle est également une photographe réputée et dont le talent est richement rétribué par son milieu de prédilection : la mode.

Charlotte sera nommée aux Césars du cinéma Français en 1986 pour « On ne meurt que deux fois » Après vingt années de mariage (ou peu s’en faut), Charlotte Rampling se sépare de Jean-Michel Jarre à l’heure où sa liaison avec une certaine Isabelle Adjani fait la une.

Il y avait déjà eu un passage peu glorieux dans la vie de Jean-Michel Jarre. Patrick Juvet, chanteur à minettes par excellence aborde la nouvelle décennie avec un genre musical résolument nouveau et collabore étroitement avec Jean Michel Jarre pour des succès planétaires qui sont encore à la pointe près de 50 ans plus tard.

Mais le jeune chanteur vaudois est follement, éperdument amoureux de Jean-Michel Jarre. Et si ce dernier n’a aucune attirance pour les garçons, il le laisse espérer. Il le fera languir tant que cette collaboration sera lucrative puis tournera les talons sans se retourner, laissant le gentil chanteur suisse sombrer dans la solitude et la mélancolie morbide.




Etrangement, les années 2000 seront les années Rampling. Comme si le monde tout à coup s’appercevait qu’elle est une comédienne d’exception à l’aura extraordinaire.

Elle fait un triomphe avec « Sous le Sable » de François Ozon. Ayant reçu un César d’honneur pour l’ensemble de sa carrière elle sera à nouveau nommée en 2001, 2004 et 2006. Faite chevalier de la légion d’honneur, la belle ténébreuse est couronnée meilleure actrice Européenne par le Festival de Berlin en 2003. Bravo donc, et longue vie à Charlotte Rampling la sublime.

Elle a abordé le XXIème siècle auréolée du prestige d’une des plus grandes icônes mondiales du cinéma et de l’élégance, n’hésitant pas à diversifier ses activités puisqu’elle s’adonne aujourd’hui à la publicité et commente des documentaires.


Que voir?



1965 : Le Knak…Et comment l’avoir : Les débuts de Charlotte Rampling et Jacqueline Bisset.

1965 : Jackpot : Lorsque les cinéphiles parcourent la filmographie de Charlotte Rampling et qu’ils découvrent ce « Jackpot » tourné avec Richard Burton pour Terence Young ils n’en croient pas leurs yeux, comment un tel film a–il pu leur échapper ? Ce film hélas, resta inachevé.

1966 : Les Turbans Rouges (Le Long Duel) : avec Yul Brynner et Trevor Howard.

1969 : Les Damnés : Le Chef d’œuvre de Luchino Visconti sur lequel tout a été dit.

1970 : Le Séquestré : Tourné d’une manière un peu documentaire (on pense à « Entre les Murs »), le film nous emmène au cœur d’une Sardaigne sauvage et époustouflante observer les kidnappeurs et leur otage. Franco Nero ne gâche pas du tout le paysage !

1970 : Point Limite Zéro : Un road movie palpitant avec Charlotte en auto-stoppeuse même si le sujet est en soi complètement con. Un livreur de voitures s’engage à livrer un véhicule à l’autre bout de l’Amérique en 24 heures ! 

1974 : Portier de Nuit : Le film polémique

1974 : Zardoz : Film de science-fiction qui fit beaucoup rire au détriment de Sean Connery qui y porte un ravissant peti slip façon pampers avec d’élégantes cuissardes et un joli catogan du dernier chic.

1975 : La Chair de l’Orchidée : Un magnifique film de Patrice Chéreau, ultime appartition au cinéma d’Edwige Feuillère.

1975 : Le Passager : Pseudo James bond all stars tourné en Camargue sur fond de pèlerinage gitan.

1975 : Adieu ma Jolie : Pseudo hommage rendu à Bogart par Mitchum avec Charlotte en femme fatale.

1976 : Sherlock Holmes à New-York : Sherlock n’est ici nul autre que le Saint James Bond : Roger Moore. Patrick MacNee et son chapeau melon est son acolyte Watson, bref que du bonheur.

1977 : Un Taxi Mauve : Film plutôt frileux tourné en Ecosse avec Fred Astaire et Philippe Noiret.

1977 : Orca : Dans la lignée des « Dents de la Mer », sans intérêt donc mais qui rapporta beaucoup d’argent ce qui était le but.

1980: Stardust Memories: Charlotte chez Woody Allen.

1986 : Max Mon Amour : Ou Charlotte amoureuse de Max le chimpanzé.

1987 : Mascara : Patrick Conrad semble avoir voulu nous intéresser à un pseudo labyrinthe psycho-thriller en camouflant sa vacuité en naviguant dans le monde des cabarets gays et les froufrous des travestis. 

1988 : Mort à l’Arrivée : Thriller avec Meg Ryan à tous les étages !

1988 : Paris by Night : C’est ce que j’appelle un thrilleur nineties : Un truc tarabiscoté à la con aux situations tout à fait incrédibles destiné à nourrir un suspense haletant dont tout le monde se fout éperdument !

1989 : Rebus : Christophe Malavoy s’offre une Bugatti dont il ne possédait que la mascotte du réservoir puis trimballe Charlotte Rampling dans un road-trip élégant.

1993 : Hammers over the Anvil : Si vous aimez le vrai bon cinéma, il faut imprérativement voir ce film rare avec Charlotte et Russel Crowe tourné dans le bush australien.

1994 : Time is Money : Un festival Max Von Sydow en écrivain bougon délaissant la plume pour la binette et le râteau. Il est harcelé par son épouse Charlotte pour se remettre à travailler plus vite ! Il ne faudrait pas devoir rembourser l’avance versée par l’éditeur pour un roman dont pas une seule ligne n’est écrite. Un régal !

1996 : Asphalt Tango : Charlotte star d’un film Roumain.

1998 : Les Ailes de la Colombe.

1998 : Piège Intime.

2000 : Signs and Wonders.

2000 : La Ceriseraie : Adaptation filmée de la pièce de Tchekov qui sera le testament cinématographique d’Alan Bates.

2000 : Aberdeen : Charlotte se meurt d’un cancer mais fait encore un petit caprice pour compliquer la vie de sa fille, on pense inévitablement à « Sonate d’Automne »

2000 : Nuages : Une rencontre Charlotte Rampling-Catherine Deneuve.

2001 : Vengeance Secrète : Charlotte à l’affiche d’un thriller Hollywoodien sans surprises mené par Jeremy Irons et en prime l’ultime apparition au cinéma de Loïs Maxwell, la Moneypenny des James Bond.

2001 : Sous le Sable : Le fabuleux triomphe de Charlotte Rampling dans le film devenu culte de François Ozon.

2001 : Superstition : Coproduction Hollando-Luxembourgeoise passée rigoureusementinaperçue.

2002 : Embrassez qui Vous Voudrez : Charlotte dirigée par Michel Blanc est un spectacle à ne pas rater, ni d’ailleurs la prestation de Karin Viard.

2002 : Vulnérables : Charlotte dirigée par Jean-Marc Barr dans un film policier 

2002 : Spy Games : Enorme production mettant en présence Robert Redford et celui que l’on considérait alors comme son digne successeur : Brad Pitt.

2003 : Swimming Pool : Nouvelle collaboration avec Ozon et nouvelle nomination aux Césars à la clé.

2004 : Les Clefs de la Maison : Un rainman italien.

2004 : Jerusalemski Sindrom : film Croate.

2004 : Crime contre l’Humanité : Avec un Michaël Caine en état de grâce.

2004 : Immortel : Les effets spéciaux ont scandaleusement vieilli mais la séquence de « rajeunissement » de Charlotte reste très intéressante !

2005 : Seule la Mort peut m’arrêter : Thriller english bien ficelé et qui n’a pas trouvé le public qu’il méritait.

2005 : Lemming : Duo de choc entre Charlotte Gainsbourg et Charlotte Rampling, lesquelles se font quand même un peu grignotter par un André Dussolier en état de grâce.

2005 : Searching for Debra Winger : Documentaire de Rosanna Arquette réunissant une pleiade d’actrices dont Sharon Stone et Emmanuelle Béart.

2006 : Désaccord Parfait : Charlotte Rampling forme un vieux couple de charme avec un Jean Rochefort en grande forme, le tout sous l’œil interloqué d’Isabelle Nanty. 

 

2006 : Vers le Sud : Fidèle à sa ligne de conduite, Charlotte Rampling se lance dans un sujet risqué pour un film sublime. La belle vieillissante « Folle de l’amour…heu, ou du sexe, je ne sais plus ! » Passe 6 mois par ans à s’offrir les faveurs de beaux étalons à la peau noire.

2006 : Basic Instinct 2 : No Comment.

2007 : Angel : Charlotte retrouve l ‘univers de François Ozon à qui elle doit sa carrière du XXIème siècle dans un film inattendu qui pêche sans doute par un exès d’esthétisme.

2008 : The Duchess : Sorte de Barry Lyndon dans la forme mais au fond plutôt douteux.

2008 : Babylon A.D. : Faut aimer le virtuel et les mauvais comédiens 

2008 : Manipulation : On a déjà vu ce genre de film 3000 fois, en voici une 3001ème

2009 : Quelque chose à te dire : Le film est assez joliment fait même si certaines ficelles du scénario sur les reproductions de schémas parentaux ont la finesse de cables de téléfériques. Charlotte est surprenante dans un rôle de mère bourgeoise aux répliques assassines et sa remarque face à un portrait d’elle 40 ans plus tôt : « Un petit air à la Julie Christie ! »

2009 : Le Bal des Actrices : Un OVNI dans le cinéma Français réservé aux amoureux des actrices. Karin Viard et Marina foïs prennent de gros risques et bousculent leur image, comme Christine Boisson d’ailleurs. Car il s’en trouvera bien quelques uns qui croiront que c’est VRAIMENT un documentaire !

2009 : Rio

2010 : Street Dance 3D : Charlotte apporte une petite « touch of Class » à ce « Fame » 

2010 : Life During Wartime : Un film choc dominé par Shirley Henderson couronné dans une multitude de festivals. Le film est la suite de « Happiness » du même réalisateur Todd Solenz sorti dix ans presque jour pour jour avant celui-ci.

2010 : Caotica Ana : Un film espagnol inattendu dans sa forme qui mérite d’être découvert. 

2010 : Never let me Go : Un film d’une grande intelligence, un véritable film d’horreur sans hurlements sans hémoglobine, sans arme blanche sur musique exaspérante. Toute l’horreur tient dans l’art du non-dit et dans cette sensation atroce qui tenaille durant tout le film. 

2011 : Melancholia : Charlotte Rampling dans le chef d’œuvre de Lars von Trier. Un mariage, des époux qui dès les premières images nous font comprendre qu’ils ne se comprennent pas. Face à eux, les parents, Charlotte et John Hurt qui a force de ne pas se comprendre ne se supportent plus. La reproduction de schéma est lancée dans un chaos de fin du monde savamment orchestré.

2013 : Night train to Lisbon : Jeremy Irons sur les traces d’un poète…Revoir Christopher Lee.

2013 : Jeune et Jolie : Une jeune fille se prostitue secrètement. Un de ses clients meurt dans ses bras, la veuve surgit dans sa vie…

2017 : The Sense of an Ending : Le mari de Charlotte Rampling hanté par son passé de fringuant séducteur.

2018 : Voyez comme on danse : Navet signé Michel Blanc.

2021 : Tout s’est bien passé : Charlotte Rampling retrouve Ozon pour un film sur la fin de vie. C’est André Dussolier qui souhaite en finir au grand dam de ses filles Sophie Marceau et Géraldine Pailhas.

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