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LIZA MINNELLI




Le 12 Mars 1946 vient au monde le bébé le plus attendu de la décennie. Liza May Minnelli, fille de la superstar d’Hollywood Judy Garland et de son mari le réalisateur de génie Vincente Minnelli.

 Les esprits chagrins qui étaient persuadé que le mariage de Vincente et Judy était un mariage pour la galerie puisqu’il était homosexuel se décomposèrent en voyant que le petit poupon du 12 Mars ressemblait comme deux gouttes d’eau à son père. Ils se consolèrent en affirmant qu’elle serait donc forcément laide.

3 ans plus tard, elle débutait au cinéma, la gloire n’attend pas !

La première personne venue se pencher sur son berceau en apprenant sa naissance n’était elle pas Frank Sinatra ? Pour être une étrange famille, la famille Minnelli sera une famille unique en son genre puisque le père, la mère et la fille seront tous oscarisés.

Même si l’Oscar de Judy est un oscar « spécial » pour jeunes filles en attendant d'en avoir un grand..

 

Vincent et Judy sont tous les deux des enfants de la balle.

Une mère actrice et un père chef d’orchestre pour lui.

Des parents acteurs de vaudeville pour elle.

Judy Garland a fêté l’anniversaire de ses trois ans sur scène.

Mais leurs parcours ont été sensiblement différents.

 

Tout semble avoir été simple pour Vincente puisque très vite reconnu à Broadway, il a été invité à la MGM en 1940 où il a été d’emblée et à juste titre considéré comme un réalisateur de génie.

Pour Judy les choses ont été bien moins simples. Une enfance chaotique, des troubles émotionnels et des fluctuations de poids qui empoisonneront sa vie. Elle est arrivée à Hollywood bien avant Vincente Minnelli. Et si elle a été engagée par le même studio, elle est loin d’y être respectée. Louis B. Mayer ne voulait pas d’elle mais de Deanna Durbin. Il ne parle d’elle que comme de « la grosse », « la laide », « la naine ».

Il l’a engagée presque sous la contrainte de son staff après le refus de Deanna.

 

Dire qu’il la méprise est peu dire. Il ne croit pas en ses chances de réussite, et elle ne correspond pas à ce qu’il souhaite montrer dans les films de son studio. Elle n’est ni ce qu’il souhaite voir et encore moins ce qu’il souhaite entendre !

 Si elle a débuté c’est dans un film de la Century Fox. Si elle a connu le succès à la MGM c’est dans un film où elle se contentait de chanter « Dear Mister Gable, you made me love you ». Une chanson que Mayer voulait couper et qui fera de Judy une star.

Si elle a tourné « Le Magicien d’Oz » le film qui la fait entrer dans la légende et qui lui vaudra son oscar « spécial », c’est que Mayer n’a pas pu obtenir Shirley Temple !

 

Mayer avait négocié l’échange de Jean Harlow contre Shirley.

Mais Jean Harlow, fauchée à 26 ans, l’accord était fatalement caduc.

Le film coûte deux millions de dollars, Judy est payée 500 dollars par semaine, son chien dans le film en gagne 1250 ! Le reste du temps, Judy est cantonnée dans des films de série B en noir et blanc.  Et encore une fois, c’est parce que le public plébiscite le duo qu’elle forme avec Mickey Rooney, qui lui est vénéré au studio, que Mayer la fait tourner...Malgré tout.

Lorsque Judy et Vincente se rencontrent en 1944, c’est parce que sur les films qu’elle tourne avec Mickey, les numéros sont chorégraphiés par Busby Berkeley et qu’il ne peut souffrir Judy. Il éprouvera toujours à son égard une haine incoercible qui n’ira qu’en s’amplifiant.

Berkeley refuse de continuer à travailler avec elle, exige son renvoi ce que le public ne permettrait heureusement pas. Judy est enfermée dans sa loge. Elle pleure et accessoirement refuse également d’encore se laisser torturer par le chorégraphe !

 

Vincente Minnelli est appelé à la rescousse. Lui l’homme affable, lui le spécialiste des comédies musicales. Il dirigera Judy pour terminer les scènes commencées avec Berkeley et les choses se passeront merveilleusement entre eux. A tel point que lors de la préparation de son film « Meet me in St Louis » dont les budgets sont illimités, Vincente demande Judy Garland pour le premier rôle féminin. Mayer remis de son attaque d’apoplexie se voit contraint d’accepter. Le choix des acteurs fait partir des prérogatives contractuelles de Minnelli.

Par contre, Judy refuse !  Elle a 23 ans et elle avait obtenu de Mayer de ne plus jouer les petites filles ou les adolescentes avec les seins bandés comme dans « Le Magicien d’Oz ».

Elle vient de tourner un rôle de femme dans un film dramatique et sans chansons avec John Garfield Elle ne compte pas retourner sur les bancs du lycée ! Mayer se frotte les mains mais Vincente Minnelli ne renonce pas.

L’échec du film dramatique de Judy « The Clock » met tout le monde d’accord. Elle fera le film de Minnelli.



 Il est le premier réalisateur à se soucier d’elle et à la traiter comme une star.

En échange elle se montre d’une docilité exemplaire et fait preuve d’un professionnalisme insoupçonné. De plus, portée par Vincente, elle est plus sensationnelle que jamais.

Pour la première fois de sa vie, Judy s’est trouvée jolie à l’écran.

Soixante ans après avoir été tourné, « Meet me in St Louis » fait encore recette !

 

C’est un véritable petit bijou « un film de week-end » comme le qualifie Liza Minnelli. C’est le film de ses parents qu’elle préfère, c’était aussi le leur.

Le tournage terminé, Vincente Minnelli et Judy Garland se marient.

Judy était fraîchement divorcée de David Rose, un mariage dont elle sortait meurtrie après un avortement forcé.

Nous sommes en 1945, l’année suivante leur petite Liza vient au monde.

14 mois plus tard comme on l’a vu, elle est sur un plateau MGM avec papa et maman !

 

La petite Liza est belle comme un cœur avec de grands yeux de velours sombre hérités de son père qui lui dévorent le visage. Judy l’emmène partout, l’exhibe à tout le monde. Elle, son petit trésor adoré dont la beauté la venge de son propre physique qu’elle n’acceptera jamais.

Mais derrière la façade de la famille heureuse, Judy craque. Ses nerfs la lâchent. Réputée de mois en moins fiable la MGM la suspend régulièrement. Bientôt elle commet une tentative de suicide.

En 1948 elle s’effondre sur le plateau du « Pirate » où Gene Kelly avait dû se battre pour l’imposer et finit dans un sanatorium.

 Pour son film suivant il faut la faire remplacer par Ginger Rogers.

C’est d’ailleurs grâce à Ginger que l’on reverra Judy à l’écran. Puisqu’elle avait remplacé Judy et s’était retrouvée à faire un film avec Fred Astaire, elle se désiste de son film suivant au profit de Judy. Echange de bons procédés.

 

Judy tourne « Easter Parade » au mieux de se forme et non seulement termine le film mais le termine dans les délais.

Aussitôt la MGM la distribue dans « Annie Get Your Gun » mais commet l’erreur fatale : On la soumet à la haine de Busby Berkeley qui aura raison d’elle. Judy est remplacée par Betty Hutton.

 

Le box office explose, Mayer se montre ravi de Betty Hutton déclarant que le film n’aurait pas engrangé 20 millions de dollars avec Garland dans le rôle.

Nous sommes en 1950. Vincente Minnelli baisse les bras. En 1951 ils seront divorcés.

Divorcée, Judy ne veut pas rester à Hollywood et déménage pour New-York. Liza perd sa famille et sa maison d’enfance. Dorénavant elle fera la navette entre New-York et Los Angeles suivant qu’elle dort chez papa ou chez maman.

Et encore !

Elle se souviendra de 14 écoles où elle avait surgi en plein milieu d’année et qu’elle avait quittées avant la fin.

Elle était moins certaine du nombre de maisons dont on déménageait souvent en pleine nuit pour prendre la route vers un ailleurs. Chicago, Boston, Philadelphie, Saint Louis. Pour partout où Judy décrochait un contrat.


 Judy de son côté finit par se lasser de l’alcool et des amphétamines et y ajoute la morphine.

A nouveau remplacée sur un film, cette fois par Jane Powell qui tourne « Royal Wedding » à sa place, Judy fait de ses rares tournages des enfers sur terre. Ses fluctuations de poids sont telles qu’on retouche sans cesse ses costumes. Quand soudain elle est très en forme, les séquences qu’elle tourne ont l’air tirées d’archives tant sa minceur, sa fraicheur et son enthousiasme sont saisissants ! Dans certaines scènes elle a l’air d’avoir 16 ans, dans d’autres l’inverse : 61 !

Judy est épuisée, elle perd ses cheveux, ses médecins lui donnent moins d’un an à vivre. Un soir où elle avait pourtant l’air d’aller très bien elle se tranche la gorge.

Dans un tel contexte, Liza qui n’a pas six ans grandit vite.

 

 D’un côté il y a la petite fille qui joue comme toutes les petites filles du monde avec les filles des voisins de son père, à savoir Candice Bergen et Mia Farrow. Un jour qu’elle est déjà au lit, une blonde inconnue fait irruption dans sa chambre et vient papoter un peu avec elle. Marilyn Monroe était dans le coin !


 Et puis il y a Liza l’enfant adulte, l’enfant mère de famille. Liza responsable qui remplace le contenu des gélules de sa mère par du sucre et qui a toujours à portée de main tout le matériel nécessaire pour un lavage d’estomac d’urgence. Mentalement elle est adulte et sent confusément qu’elle est la seule à pouvoir sauver sa maman adorée. Adorée parce que si fragile.

 

Plus tard elle déclarera : « J’ai eu une enfance tout à fait passionnante à ceci près que ça n’avait rien à voir avec l’enfance ! »

Il y aura un répit dans la spirale infernale de la vie de Judy Garland. La rencontre de Sid Luft, ex mari d’Eleanor Powell qu’ironiquement Vincente Minnelli avait faite débuter à Broadway pendant que Sid s’occupait, assez mal d’ailleurs, des intérêts de la danseuse ! Sid n’est pas un producteur très avisé mais il est au moins sincère.

Judy a été chassée de la MGM. Il mettra quatre ans à persuader la Warner de monter un film avec elle « A Star is Born ».

Il a raison sur un point : Judy reste adorée du public à qui elle manque cruellement.

 Le soir de la première il y a plus de stars qu’à la soirée des Oscar et la télévision retransmet l’évènement en direct.


Lorsque Jack Warner se fend d’un discours en l’honneur de sa star elle a l’air d’une petite vielle rabougrie sur sa chaise se demandant où elle est et qui est ce type qui pérore dans un micro.

Entre la star sur l’écran et la Judy Garland du soir de première, le temps de la post production est passé. Cela a suffit pour une nouvelle descente aux enfers. Et malheureusement pour elle, le chef d’œuvre de Cukor jugé « trop long et avec trop de rouge » va être trituré, manipulé et remonté jusqu’à…Ne plus ressembler à grand-chose.

Certes « A Star is Born » aura du succès.  Mais le film ne couvrira pas ses frais. Inutile de dire que la Warner, après la MGM renonce à Judy.

Dans son échec financier, le film a raison de la société de production que Judy avait créée avec Sid.

 Pourtant Judy sera nommée aux Oscar et sera même placée grande favorite.

Liza Minnelli se souviendra toute sa vie de cette nuit des Oscar. Judy est à l’hôpital foudroyée par une pleurésie et on a installé un téléviseur dans sa chambre pour qu’elle puisse suivre la cérémonie. Tous les reporters d’Hollywood sont présents. La chambre en est pleine à craquer.

Lorsqu’on annonce la victoire de Grace Kelly ils se volatilisent en un instant sans un regard sans un au revoir, laissant Judy seule et vaincue.

 

Sid Luft qui est très souvent décrié par les admirateurs de Judy Garland sera toujours défendu avec beaucoup de véhémence par Liza Minnelli. Sid et Judy donneront une demi-sœur et un demi-frère à Liza : Lorna et Joey. Elle aura également une demi-sœur du côté paternel, Christina-Nina Minnelli.

Mais la famille Luft ne forme pas une famille « standard » pour autant.

 Les Luft vivent à Bel Air dans une villa voisine de celle de l’actrice Cloris Leachman quand ils sont en Californie. A l’heure des repas, Cloris voit régulièrement les enfants de Judy venir s’installer à table avec les siens comme si c’était la chose la plus naturelle du monde. Elle se garde bien de leur faire la moindre remarque ou de poser la moindre question sur leur famille. Elle sait que c’est leur seule occasion d’assister à la vie d’une famille normale où on prend des repas équilibrés à des heures fixes. Où l’on s’intéresse à ce qui se passe à l’école et où on se couche tous les soirs à 21 heures précises.

 

Chez eux, Judy passe de la boulimie à l’anorexie, vit recluse dans la crainte du photographe embusqué. Dans un état perpétuellement crépusculaire, elle passe ses journées à insulter tout le monde au téléphone pour qu’on lui « rende son fric ! ». Elle est persuadée d’avoir été spoliée par tout le monde en commençant par sa mère. Elle est une des plus grandes stars du monde et n’a pas un sou. C’est donc qu’on l’a volée. Elle est incapable d’assumer psychologiquement le fait que ses années de gloire à la MGM ont été scandaleusement sous payées et qu’elle n’a tout simplement jamais été riche. Et que le fisc se soit acharné sur elle jusqu’au dernier jour de sa vie ne fera rien pour arranger l’équilibre financier de Judy ni son équilibre tout court.

 Sid qui a sombré lui aussi dans la spirale infernale de l’alcoolisme doit maintenant compter sur les amis fidèles de Judy pour qu’elle puisse poursuivre sa carrière.

 

Il est évident que plus aucun studio ne lui fera assez confiance pour montrer un film avec elle. Sid la persuade de se retourner vers le chant et de se risquer sur scène.

Mais même là, les salles de prestige ne tiennent pas à risquer un sou sur Judy Garland.

C’est donc Frank Sinatra qui lui ouvrira les portes de l’hôtel casino dont il est propriétaire sur les rives du lac Tahoé.

C’est l’aube d’une carrière sur scène inouïe.

 Le succès au Cal Neva est tel que Judy est invitée en Angleterre pour une tournée et met le pays à ses pieds. Elle rentrera pour tenir 19 semaines à guichet fermés à Broadway puis termine en apothéose au Carnegie Hall.


Partout tout le temps, Liza est là, avec elle, veillant officiellement aux moindres détails.

Officieusement le rôle de la petite fille est de circonvenir tout ce qui peut faire basculer sa mère en dépression.

Judy enregistre enfin des disques et bat les records de vente de Sinatra et Presley. Le passif de « A Star is Born » est épongé et le fisc se réjouit

Mais pas Judy.

 

Elle a connu trop de gouffres depuis trop longtemps. Malgré la surveillance constante de Liza, Judy sombre. Elle se reprend, maigrit, grossit, tente de se suicider, accepte des propositions de films dont les tournages sont annulés après quelques jours. Bientôt elle entre en procès contre sa mère et ses sœurs.


En 1956 Liza a 10 ans. Elle s’occupe d’une petite sœur de trois ans, d’un petit frère d’un an, de sa mère et de la carrière de sa mère. C’est la plus étrange enfance du monde qui continue.


En 1959 elle a 13 ans, Judy va mal, Gene Kelly pour lui venir en aide l’invite sur son show télévisé. Elle vient, annonce Gene Kelly à son public, pour chanter et danser avec lui un numéro qu’il a dansé et chanté avec sa maman avant sa naissance « For me and My Gal ».

 

Et Liza d’apparaitre en ballerines et petites chaussettes blanches, en jupe plissée d’écolière et les cheveux longs noués dans un ruban.

Elle chante avec, volontairement, les intonations de sa mère, la même façon de placer sa respiration, le même vibrato, les mêmes graves.

C’est plus qu’une performance, c’est un message.

C’est elle qui doit devenir la star ou plus exactement le soutien de famille, reprendre à zéro la carrière de sa mère.

L’année suivante elle est invitée par Louella Parsons à risquer la comparaison avec sa mère en chantant « Over the Rainbow » à la radio.



A 16 ans elle est fin prête pour voler de ses propres ailes.

Mais tout ne sera pas si simple !

Judy qui change d’avis autant de fois qu’elle remplit un verre ou allume une cigarette. Elle clame son émerveillement devant le talent de sa fille…Et l’expédie étudier le français et l’histoire à Paris ! Pas question que sa fille piétine ses plates-bandes !

C’est elle la star !


Liza à peine débarquée à Paris comme étudiante et jeune fille au pair reçoit un télégramme maternel

« Tu as 16 ans, débrouille toi toute seule, tu ne recevras plus un sou de moi ! »

Liza sera, un court laps de temps il est vrai, la baby sitter la plus illustre de Paris !

Heureusement pour elle, son père Vincente Minnelli croit en elle et veille.

Lorsqu’elle le rejoint pour les courtes vacances qu’elle passe avec lui une fois par an, elle l’ignore encore, mais elle fait ses adieux à la vie estudiantine.

Elle n’a pas 17 ans lorsqu’elle décroche un rôle à Broadway sans dire qui elle est pendant les auditions. D’ailleurs même Judy ignore qu’elle s’y présente.

Elle veut réussir par elle-même, être engagée pour son talent, sa personnalité, pas comme fille de Judy Garland.

« Best Foot Forward » sera sa première comédie musicale et déjà son premier succès personnel.


C’est pourtant une remise à jour d’un succès de 1941 qui avait servi de scénario à un film de Lucille Ball en 1943 ! Mais qu’importe la qualité qu’a ou n’a pas le spectacle.

 Liza triomphe, elle reçoit un premier award, celui de la comédienne la plus prometteuse de l’année.

A 19 ans, Liza Minnelli a déjà fait de la télévision, elle s’est produite à Broadway, à Las Vegas, en tournée.

Bientôt elle sortira son premier album « Liza Liza ! »

 

Judy de son côté est à nouveau au sommet. La chaîne de télévision CBS propose un budget de 24 millions de dollars pour un show Judy Garland. Judy est ravie et accepte avec empressement, surtout pour montrer au public qu’elle est enfin mince comme un crayon !


 Le show est sublime mais programmé en même temps que le feuilleton « Bonanza » sur une autre chaîne.  Le « Judy Garland Show » est une réussite artistique complète et un échec pour CBS. Le public préfère Bonanza. Judy Garland aura le temps d’inviter Liza à se produire avec elle dans son émission ainsi qu’une certaine…Barbra Streisand !


 Côté cinéma, Stanley Kramer a sollicité Judy pour « Jugement à Nuremberg » parce qu’il avait besoin de quelqu’un « complètement détruit psychiquement et moralement ».

On craint le pire.

 Judy sera difficile mais parfaite. Dans la foulé elle est nommée une seconde fois aux Oscar pour ce second rôle. C’est Rita Moreno pour « West Side Story » qui l’évincera.

 

Judy devrait ensuite tourner dans « La Vallée des Poupées » non sans savoir que le personnage de Needy O’hara qu’interprète Patty Duke dans le film est directement inspiré d’elle.

Elle n’ira pas beaucoup plus loin que les essayages, rentrant même chez elle avec un tailleur pantalon de paillettes rouille et or qu’elle gardera comme prise de guerre et utilisera comme tenue de scène.

 

Sid Luft, après 13 ans d’un mariage pour le moins épique a baissé les bras.

Le couple divorce. Liza reste seule adulte responsable à soutenir sa mère.

Judy continue à se produire, et maintenant elle se produit avec Liza.

Liza Minnelli vit alors une période peut-être plus étrange encore.

Elle est maintenant la star du spectacle de sa mère à l’égale de celle-ci et il n’y a que peu de salles suffisamment grandes au monde pour accueillir tous leurs admirateurs.

 Elles ne chantent que « sold out » devant des milliers de personnes. Ça n’empêche pas Judy d’arriver avec une heure et demie de retard ou d’insulter le public de « bande d’attardés » si leur impatience lui déplaît !

Liza passe donc le plus clair de sa première gloire à essayer d’endiguer les catastrophes plutôt que de savourer un succès amplement mérité.

 On peine à imaginer l’enfer de tous les instants derrière le rideau de paillettes. On peine surtout à comprendre comment avec une telle vie, Liza Minnelli arrive à devenir peu à peu la meilleure, la plus grande de toutes. Bien sûr, lors de leurs spectacles, Judy entre d’abord seule en scène sous des tonnerres d’applaudissements.

 

Elle chante seule un ou deux de ses très grands succès avant d’accueillir Liza auprès d’elle.

De concert en concert, les applaudissements qui accueillent Liza sont plus nourris, plus empressés, en un mot, plus impatients.

Officiellement il s’agit de « Judy Garland and her daughter Liza on stage ».

En réalité le public est là pour applaudir “Liza Minnelli and her Mother on stage”.

 

Judy Garland reste une superstar et peut-être bien la plus grande chanteuse de l’univers mais force est de reconnaître que malgré l’amour fusionnel entre Judy et sa fille, elle ne fait rien pour lui faciliter la tâche au quotidien.

Un jour que Judy est hospitalisée pour une nouvelle pleurésie, Liza l’appelle. Comme tous les matins. C’est la première chose qu’elle fait en s’éveillant.

Ce jour là, Judy lui répond « Oh oui, je vais très bien ma chérie, je viens même d’épouser un jeune garçon formidable »

Et Liza, déjà désabusée : « C’est très bien maman, mais tu ne préfèrerais pas divorcer d’abord ? »



De plus en plus, l’entourage de Liza l’incite à prendre du recul, à se consacrer à sa propre carrière et voler de ses propres ailes et tant pis pour Judy. Mais Liza Minnelli préférerait mourir elle-même que de baisser la garde et laisser sa maman adorée ne fusse qu’une seule heure sans amour et sans défense.

 Judy qui a connu sur scène des triomphes inouïs partout dans le monde ne semble garder en mémoire que ses premiers succès londoniens et décrète un jour qu’il n’y a qu’à Londres qu’elle est respectée et que là qu’elle se sent chez elle.

On quitte donc l’Amérique pour l’Angleterre à l’heure où précisément le pays est en pleine révolution culturelle dans la foulée de la découverte des Beatles puis des Rolling Stones, de Mary Quant et de Twiggy.

 Liza s’installe avec sa mère dans un petit appartement dans une banlieue « middle class » c’est tout ce qu’elles peuvent s’offrir.

Je me permets de souligner au passage que dans le biopic « Judy » consacré à la star, on montre Liza donnant des fêtes débridées dans une somptueuse villa d’Hollywood qu’elle n’a en réalité jamais habitée et qu’elle laisse sa mère partir seule à Londres.

C’est évidemment tout à fait faux.

Dès son arrivée, Judy provoque un engouement bien légitime et signe immédiatement pour deux films. Liza court les décorateurs et les antiquaires pour se faire prêter quelques objets qui permettront à sa mère de recevoir les journalistes et poser pour les photographes dans un décor digne d’elle.


 Mais en Angleterre, Liza aussi attise la curiosité. Son physique convient parfaitement à l’esthétique du « swinging London ». Pour cette génération qui souhaite d’abord et avant tout se départir des générations précédentes et avoir sa musique, son cinéma, sa mode, ses voitures et surtout sa morale, adopter et affranchir cette Américaine qui ne vit que dans l’ombre de sa mère est bien tentant.

 

On propose un film à Liza, un film sans Judy.  Elle accepte bien qu’elle n’ait jamais fait ses preuves de comédienne si ce n’est une apparition à la télévision dans un épisode de la série « Mr Broadway ».

Mais Albert Finney qui se prépare à mettre en scène et à interpréter « Charlie Bubbles » la veut et la veut parce qu’elle est le personnage de son film. Pas la fille de Judy Garland.  Ça il s’en fout bien et à tout prendre ça le dérangerait plutôt car il craint qu’à vivre dans le sillage de sa star de mère, Liza ait calqué des attitudes, des trucs d’actrice d’Hollywood.

Or ce qu’Albert Finney veut pour son film c’est la vraie Liza. Pas un produit américain.


 C’est la première fois que Liza Minnelli travaille et gagne de l’argent en tant que seule et unique Liza Minnelli. Elle a 22 ans. Elle est une professionnelle du show business depuis 10 ans !

On la sollicite à la télévision et puis c’est Alan Pakula en personne qui la choisit pour « The Sterile Cuckoo » où elle trônera seule tout en haut de l’affiche.

 Liza comme ce qui est déjà une habitude est sensationnelle, elle est nommée aux Oscar.

C’est Maggie Smith qui l’évince, Liza restant sur le banc de touche avec Jane Fonda, Jean Simmons et Geneviève Bujold.

Dans la foulée de ce début d’émancipation, Liza se marie avec le musicien australien Peter Allen bien que sa réputation d’homosexuel ne soit plus à faire.


 Judy Garland ne sera hélas plus là pour admirer les premiers triomphes personnels de sa fille adorée.

Elle vient de se remarier à Londres en micro-jupe avec un jeune homme de 12 ans son cadet, Mickey Dean, propriétaire d’un bar gay à Chelsea.

Nous sommes le 12 mars 1969.

Liza a fêté seule ses 23 ans trois jours plus tôt.

Elle n’assistera pas à la cérémonie et appelle sa mère « Je ne pourrai pas venir, maman, mais je te promets de ne pas louper ton prochain mariage ! »

Liza n’est pas la seule à faire faux bond !

 

Judy a lancé des centaines d’invitations, il ne vient qu’une poignée de personnes.

Le 10 Juin Judy fête ses 47 ans.

Le 22 Juin son cœur s’arrête, la star s’éteint épuisée, seule dans son petit appartement de Chelsea.


Liza est dévastée, elle culpabilise pour n’avoir pas été là, pour n’avoir pas empêché l’ultime surdose médicamenteuse. Elle prend en charge les funérailles de sa mère qui décédée à Londres doit être rapatriée en Amérique.

 

Le corps de Judy rapatrié en Amérique, 20.000 personnes vont se bousculer à ses obsèques. Liza et Lorna se demandant bien qui ils étaient, d’où ils sortaient et ce qu’ils faisaient quand Judy mourait seule.

La dignité des filles de Judy forcera le respect de tous.


Mais les cérémonies terminées, Liza s’effondre et pour la première fois de sa vie finit un tube de Valium entamé par sa mère. « Mon premier pas » dira elle plus tard.


Effondrée, Liza déclare à la presse avide de soupeser son chagrin « Ma mère avait les nerfs complètement décomposés. A neuf ans je savais parfaitement quels médicaments lui administrer suivant ses états et les heures de la journée. Si je voulais manger, je devais filer en cachette chez les voisins à l’heure des repas. J’ai appris à lire et à écrire, j’ai appris à chanter et à danser, j’ai rejoint ma mère sur scène à cinq ans. Mais j’ai surtout appris à filer d’un hôtel sans payer ou déménager au milieu de la nuit.  Malgré tout, ma mère m’a donné et fait vivre des bonheurs immenses et mon enfance était heureuse auprès d’elle. Mais avec une maman comme Judy Garland, vous voudriez que je sois une jeune femme équilibrée ? »

 

Presse, public et professionnels s’attendaient à ce que Judy disparaisse. Ce qui étonna le plus c’est qu’elle venait d’avoir 47 ans, tout le monde croyait qu’elle en avait au moins 25 de plus.

Aujourd’hui encore lorsque l’on évoque les stars disparues trop tôt, Judy Garland n’est jamais évoquée, A sa mort elle n’avait plus l’image d’une femme jeune depuis bien longtemps.


Le 22 Juin 1969 Judy décède, le 13 Décembre de la même année, Liza Minnelli est sur la scène de l’Olympia à Paris.

« The show must go on”

 Le public venu par curiosité commence par applaudir son courage avant de porter son talent au triomphe. Elle ne reprend aucune des chansons de sa mère. Aucune des chansons qu’elles ont chantées ensemble. Mais elle chante du Aznavour. Et surtout elle chante « My name is Liza, Liza Minnelli...L.I.Z.A M.I.N.N.E.L.L.I…Apprenez –le, retenez le, apprenez à le dire, je suis Liza Minnelli ! ». Elle termine son spectacle avec la chanson d’ouverture de « Cabaret », la pièce qu’a créée à Londres Judi Dench.

 

 C’est un triomphe et ce soir là, sur la scène de l’Olympia, A Star is Born !

Pour Liza Minnelli, la disparition de sa mère semble être un détonateur professionnel inattendu.

Avec l’éternel revers de la médaille. Pour garder les droits sur le patrimoine musical et filmé de sa maman, Judy accepte son héritage et se retrouve criblée de dettes colossales qu’elle mettra des années à payer.


Elle tourne « Tell Me What You Love Me Junie Moon » entre deux galas et alors qu’elle se croyait comme sa mère laide et sans intérêt, le magazine VOGUE lui ouvre ses pages à la faveur de sa nouvelle coupe de cheveux, celle qui donnera son style définitif à LA Minnelli. Encore étonnée, Liza avoue passer un temps infini à se coller des faux-cils gigantesques un par un pour détourner le regard de son nez horrible vers ses yeux qui sont passables.

 

Dans la foulée le très prestigieux magazine Harper’s Bazaar lui offre sa couverture et VOGUE ne voulant pas être en reste fait de même. Non seulement Liza est partout mais elle fait même figure d’icône « nouveau chic, nouveau style, nouvelle époque ».


Un an après la mort de Judy Garland qui se souvient encore que Liza soit sa fille ?


 Liza Minnelli est une star. A l’aube des années 70 il n’y en a qu’une pour trôner bien plus haut qu’elle au sommet de la gloire : miss Barbra Streisand. Mais ce n’est que momentané, Liza Minnelli vient de débuter le tournage du film qui fera d’elle une légende : « Cabaret ».

 

Elle vient aussi d’inaugurer sa présence dans les colonnes des potins people en s’affichant avec son premier grand amour, Desi Arnaz jr qui n’est autre que le fils de Lucille Ball et Desi Arnaz.

Liza Minnelli quitte un mari qui se jetterait aux lions pour elle pour les beaux yeux d’un adolescent prolongé.

« Steve m’aimait bien plus que je ne l’aimais, j’ai voulu croire que je finirais par l’aimer moi aussi je n’y suis pas arrivée. Dès que mes yeux se sont posés sur Desi j’ai su en une seconde que j’allais enfin aimer follement et qu’accessoirement mon mariage était mort avant qu’il me dise bonjour !  Steve Allen et moi nous nous connaissions depuis longtemps c’était un mariage confortable et je pouvais lui faire une confiance aveugle, mais à mon âge j’ai très envie d’une relation beaucoup plus excitante ! »

Hollywood lui sait gré de cette belle franchise mais on est quand même très choqués !

 

Surtout que Liza qui a toujours refusé de s’exprimer sur l’homosexualité de son mari ajoute « Je suis sûre que notre divorce se passera très bien, je dirai à Steve qu’il peut garder toutes mes robes ! » C’est un joli lot, Liza a comme sa mère des problèmes de fluctuation de poids. Elle s’habille chez Halston qui crée toutes ses tenues en trois tailles différentes. Halston, son couturier exclusif sera un de ses amis les plus fidèles et ils forment avec Elizabeth Taylor un trio de joyeux compères, il l’habillera toujours et la suivra partout, jusqu’à la clinique Betty Ford !

 

Steve Allen lui aussi fera son commentaire désabusé : J’ai vu Liza regarder Desi et elle ne m’a jamais regardé comme ça, je suppose que j’étais pour elle un bouche-trou bien pratique en attendant qu’elle trouve le mec qu’il lui fallait !  Lucille Ball, questionnée sur les fiançailles de son fils avec Liza persifle Que voulez vous que je vous dise ? Sa mère était dingue !  Je pense que sa fille est comme elle, grande artiste mais impossible à domestiquer !

Liza a 26 ans, Desi n’en a que 19.

Dino Martin, le fils de Dean Martin prévient Liza : Desi est un don juan, il tombe follement amoureux trois fois par semaine !

A 17 ans il s’était déjà fiancé à Patty Duke et dans la foulée, il était devenu le papa d’un petit garçon ! Mais Liza n’en a cure, elle savoure la vie à pleines dents et avec Desi.

 

Elle découvre la night live new-yorkaise et plus exactement le Studio 54 où elle danse jusqu’à s’en étourdir tous les soirs. Ses copains de virées sont Andy Warhol, Marisa Berenson, Bianca Jagger, Diane von Fürstenberg, Jerry Hall qui préfère boire le champagne à la bouteille, Rod Stewart, David Bowie, Rudolph Noureev et quelques autres non moins spectaculaires comme Rod Stewart ou Gloria Swanson.

A l’époque, déjà les premiers bruits de consommation de cocaïne commencent à courir. Andy Warhol questionné à ce sujet commente « Si Liza Minnelli prend de la cocaïne ? Bien sûr, sans arrêt, elle devrait utiliser une pelle ! »

Desi et Liza vivront ensemble 18 mois même si ce n’est qu’une façon de parler car ce seront 18 mois de voyages.

Leur mariage était prévu le jour même où Desi devait fêter ses 20 ans

Et contre toute attente, c’est Liza qui se lasse de Desi et le quitte pour Peter Sellers !




Desi accuse mal le choc. Il rentre chez sa mère, s’isole dans sa chambre, dans le noir. Son psychiatre diagnostique un choc émotionnel très profond. Lucille craint que son fils ne fasse une bêtise. Dix jours plus tard il s’affiche au bras de Victoria Principal dont il est « amoureux fou ».

De son côté, Peter Sellers a 47 ans et est on ne peut plus british, plus Rolls-Royce et plus marié ! Liza annonce « Dès qu’il en aura fini avec ses paperasses on se mariera ! »

Cinq semaines plus tard elle annonce « On a vécu une aventure passionnante et on a vraiment beaucoup rigolé mais maintenant on passe à autre chose ! »

Ce que Liza appelle « beaucoup rigoler » c’est probablement le fait d’avoir enlevé la perruque de Peter Sellers en public, petite rigolade qui avait mit une fin instantanée à leur liaison !


 Liza Minnelli a commencé le tournage de « Cabaret » mais passe sa vie au Studio 54. Michael Baryschnikov est entré dans sa vie et Andy Warhol revient à la charge : « Liza et Michael prenaient tellement de cocaïne qu’on aurait dit une course ! C’était très intéressant à voir, ces deux personnes ultra célèbres qui prenaient tellement de drogue qu’elles ne savaient plus elles-mêmes qui elles étaient ! »


 Lorsque « Cabaret » sort sur les écrans, c’est un électrochoc planétaire.

Le 27 Mars 1973, « Cabaret » rafle 7 Oscars, « Le Parrain » n’en reçoit que trois. Liza Minnelli est couronnée meilleure actrice de l’année. Elle évince Diana Ross, Maggie Smith, Liv Ullmann et Cicely Tyson. Cette fois il y a deux superstars féminines à Hollywood : Barbra Streisand et Liza Minnelli.



 Mais déjà Barbra peine à trouver un second souffle après « Funny Girl », déjà les paris se prennent sur ce que réserve le destin et surtout Hollywood à Liza.

C’est elle-même qui met les pendules à l’heure « Après être montée aussi vite et aussi haut, que voulez-vous qu’il m’arrive à part dégringoler au fond du trou ? » Marisa Berenson, sa copine du Studio 54 et accessoirement sa partenaire et rivale dans « Cabaret » lui répond « Bah, avec les gènes de ta mère et tout ce que tu avales et tout ce que tu renifles, tu devrais être morte depuis bien longtemps, alors tout ce qui peut t’arriver c’est de toute façon un cadeau de la vie  D’ailleurs maintenant tout ce que tu feras sera fascinant puisque tu es une survivante ».

 Mais Liza Minnelli voit juste.

« Lucky Lady » annoncé à grand tapage avec Burt Reynolds et Gene Hackman est un ratage complet, artistique, critique et public malgré la direction de Stanley Donen. Le film sera considéré comme un des pires films de tous les temps.


Et puis il y aura la très dure épreuve de « Nina ». Liza dirigée par son très prestigieux et talentueux père entre Ingrid Bergman et Charles Boyer. Le tournage s’installe en Italie et se retrouve pris au piège d’une véritable épidémie de grèves. Dix-huit grèves interrompront le tournage. Seule la musique du film sera terminée sans aléas. Le film en souffre. C’est un échec artistique, c’est une catastrophe commerciale. Vincente Minnelli ne tournera plus jamais.

 

« New-York New-York » malgré toutes ses qualités ne fera guère recette et cerise sur le gâteau, la chanson titre connaît un succès planétaire grâce à la version de…Frank Sinatra !

Si New-York New-York tient ses promesses artistiques mais pas commerciales, Liza ne s’en préoccupe absolument pas. Elle triomphe à Broadway  dans une comédie musicale taillée à ses mesures : « The Act ».

 

Liza devra attendre 1980, soit huit longues années pour connaître un nouveau succès au cinéma avec « Arthur »

Après le triomphe de « Cabaret », comme pour chasser les mauvais augures, Liza s’était remariée en 1974 avec Jack Haley jr.

 Jack Haley jr est son aîné de 12 ans et accessoirement le fils du comédien Jack Haley qui n’était autre que l’homme de fer dans « Le Magicien d’Oz » avec Judy.



 Liza s’en rend à peine compte, toute à ses liaisons qu’elle mène très ouvertement avec Baryschnikov et Martin Scorsese ! Dire qu’elle brûle la chandelle par les deux bouts est bien trop faible comme expression, Liza a attaqué le milieu depuis longtemps.

Bien que Jack Haley Jr. Soit au moins assidu qu’elle au Studio 54, il espère fonder vraiment un mariage solide avec Liza. Il l’incite à cesser ses abus en tout genre, calmer sa vie professionnelle, se poser avec lui dans une banlieue paisible mais cossue et avoir un enfant.

Liza Minnelli clame ses hauts cris dans la presse : « Moi ? En mère de famille ? J’ai eu l’exemple de ma mère, ça m’a suffi ! »

A l’automne 77, Liza Minnelli est admise dans un état critique en clinique.

Officiellement parce qu’elle aurait contracté un étrange virus en tournée. En réalité, elle a épuisé ses forces en tournée et a fait une fausse couche en sortant de scène. Ce drame personnel marquera la fin du mariage de Judy et Jack Haley jr. Lucille Ball avait raison. Personne ne pourra jamais domestiquer Liza Minnelli. Jack Haley a essayé, il a échoué.

Les médecins avaient exigé de Liza le repos absolu si elle voulait mener sa grossesse à terme. Elle avait promis, elle n’a pas tenu.

Remise sur pieds, Liza reprend sa tournée et tire un trait sur ses velléités d’épouse et de mère.

 

Durant une décennie d’abus en tous genres, une décennie où elle va passer toutes ses nuits en boîte, Liza travaille avec acharnement. Elle enregistre en studio, tourne des films, donne des concerts, joue à Broadway.

Certains soirs elle va chanter et danser jusqu’à épuisement et sera sortie de scène inconsciente.

Le public qui assiste à ses concerts en ressort subjugué et Liza est tellement Garland dans sa gestuelle, sa voix, même sa façon de respirer, de bouger les doigts que les plus anciens croient revoir Judy en chair et en os. D’autres se persuadent que le fantôme de Judy est en scène avec sa fille. Ce qui leur fait deux stars pour le prix d’une.

Judy confirme « Evidemment qu’elle est avec moi en scène ! Nous sommes un duo inséparable et si elle n’était pas là je perdrais tous mes moyens, je ne saurais pas quoi faire, je resterais plantée là comme une bûche incapable de sortir le moindre son ! »


 Liza voit-elle en cette idée saugrenue une habile manière de promouvoir ses concerts ?

Durant cette période, à la fin de quelque numero de danse ou de chanson à haut risque où elle montre au public qu’elle est allée plus loin, plus haut plus fort que jamais, elle se tourne vers sa gauche et sourit avec admiration vers le vide. Ceux qui lisent sur les lèvres confirment qu’elle murmure parfois un « thank you » susurré discrètement pour qu’il se voie bien jusqu’au dernier rang. Les rappels succèdent aux rappels et aux rappels.

Une heure et une piqure plus tard elle est au Studio 54 !

« Si je ne suis pas sur scène, je ne suis pas vivante » déclare Liza Minnelli à qui veut bien l’entendre.

 En 1979 elle se remarie une quatrième fois avec Mark Gero et connaît enfin ce fameux triomphe planétaire avec « Arthur ». Ce mariage là durera exceptionnellement longtemps puisqu’ils ne divorceront qu’en 1992 même s’il est vrai qu’ils ont passé ces 13 années matrimoniales à se séparer et à se retrouver. Mais Liza Minnelli ne fait pas mentir les prédictions éclairées de Marisa Berenson. Elle n’est pas la fille de Judy Garland pour rien.

 

Depuis la mort de sa mère, Liza n’a plus cessé de consommer des tranquillisants et des amphétamines. Et comme sa mère, elle est passée à l’alcool.

Bien sagement au début, comme son amie Elizabeth Taylor qui adore ça, elle ne dédaignait pas une petite bière de temps en temps. Mais la bière n’a aucun effet sur quelqu’un habitué à des substances plus corsées. Ce sera la vodka puis le Gin et une vitesse de croisière d’une bouteille par jour.


 Eprouvant désespérément le besoin d’être maman, Liza Minnelli fait trois fausses couches et voit ses espoirs réduits à néant.

En 1984 elle reconnaît publiquement sa dépendance à la drogue mais curieusement pas à l’alcool. Liza Minnelli n’a jamais fait aucun mystère sur sa consommation de cocaïne mais boit en secret. Elle entre au centre de désintoxication Betty Ford où elle soigne ses dépendances et son embonpoint avec Elizabeth Taylor !

 

Liza Minnelli vieillit, grossit, maigrit, elle divorce à nouveau et vit une longue liaison avec le musicien Billy Strich.

Mais quel que soit son état moral ou physique, jamais elle n’est prise en défaut professionnel. Elle n’est pas que l’ultime superstar hollywoodienne, digne héritière de tous les excès de toutes celles qui l’ont précédée, elle est la plus professionnelle de toutes. Elle n’hésite pas à aller à la rencontre de nouvelles générations de musiciens pour qui elle est une icône absolue. Elle triomphe avec « Loosing my Mind » écrit pour elle par les Pet Shop Boys.

 

En 1991, Richard Harris adapte pour elle sa comédie musicale « Stepping Out » et Liza compte beaucoup sur le film pour lui rendre son statut de superstar perdu depuis Cabaret d’autant que ses deux derniers films sont des flops financiers « Arthur2 On the Rocks » et « Rent a Cop ».

Mais cette fois, sûre de son instinct et de son métier, Liza y croit dur comme fer.


 Ce rôle de vedette de Broadway dont plus personne ne veut partie enseigner la danse dans une banlieue défavorisée d’une ville sinistrée l’enchante. Il est d’ailleurs prévu que le film sorte en même temps que sa nouvelle tournée à travers toute l’Amérique. Hélas, la Paramount en charge de la distribution se débat dans des ennuis financiers qui finiront par avoir raison d’elle. Le film dont la sortie est sans cesse retardée passe à peine dans quelques salles avant de disparaître, toujours à la sauvette dans le circuit vidéo.


En 1994 ses forces commencent à la trahir. Elle doit subir une douloureuse opération et se retrouve avec une hanche artificielle. Trois semaines plus tard elle est en scène !

 

Deux ans plus tard, en plein concert elle est victime d’une violente hémorragie aux cordes vocales et on craint qu’elle ne puisse plus jamais chanter ni même parler.

Elle sort alors un petit bout de papier de son sac et griffonne « Alors je préfèrerai mourir ».

 Contrainte à l’inactivité durant deux ans elle découvre la boulimie. Sa surcharge pondérale provoque de nouveaux dégâts et elle doit subir la pause d’une seconde hanche artificielle.

Alors qu’elle se repose en Floride durant sa convalescence, elle est foudroyée par une encéphalite aigue qui la plonge dans le coma.

 

Liza Minnelli survivra mais devra réapprendre à marcher.

Liza Minnelli va non seulement réapprendre à marcher mais elle va perdre 45 kilos et reprendre sa carrière de diva absolue.

 

Le 16 Mars 2002, escortée par ses deux meilleurs amis Elizabeth Taylor et Michael Jackson, elle se remarie avec le producteur David Guest.

Etrange photo de mariage. Le « jeune marié », ami d’enfance resté inséparable de Michael Jackson a l’étrange particularité d’avoir un visage qui ressemble à une bougie fondue. A côté de Michael Jackson le contraste est saisissant, surtout qu’ils sont flanqués d’une Elizabeth Taylor blonde affublée d’un galurin assez lamentable.

 Monsieur hulule sa passion pour Liza : « Elle est sublime, elle est fantastique, elle est la meilleure, mais ce qu’il y a de plus sublime, de plus fantastique et de meilleur en elle, ce n’est pas sur scène ou sur l’écran qu’on peut le trouver, c’est dans son âme et dans son cœur »

 

16 mois plus tard le couple se déchire comme des chiens enragés autour d’une niche désaffectée. David Guest demande des dommages et intérêts, dix millions de dollars, parce que, quand même, on a sa dignité car il est un homme battu par Liza qui profite de ses comas éthyliques pour lui mettre de trempes à coups de talons aiguilles pendant qu’il est inconscient.

 

Liza riposte en demandant deux millions de dommages et intérêts contre cet homme qui ne l’a épousée que par intérêt et pour la spolier. La plainte de David Guest sera rejetée.

 

 Elton John soupire « Pauvre Liza, il va falloir qu’on se décide à lui acheter un mari hétérosexuel ! » Et Liza d’éclater de rire et de s’en aller vers d’autres triomphes, d’autres dérives, d’autres souffrances. On ne change pas une équipe qui gagne !




 

QUE VOIR ?

 

1948 : In The Good Old Summertime : Baby Liza apparaît dans la scène finale de cette joyeuse comédie belle époque et très colorée menée tambour battent par sa mère et par Van Johnson.

 

1967 : Charlie Bubbles : Liza en soutien-gorge Lejaby et dans les bras d’Albert Finney, lequel est également à la mise en scène. Le film à son époque laissa pantois un public complètement dépassé mais il se revoit aujourd’hui avec un bonheur  intense. Le film est complètement « british » et en même temps tout à fait surréaliste. Un bijou absolu.

 

1970: Tell Me That You Love Me, Junie Moon: Otto Preminger après Albert Finney se montre convaincu par Liza. Il produit et dirige son second film sans hésiter à lui confier le rôle titre de Junie Moon. Liza s’y fait défigurer à l’acide de batterie par son petit ami. Elle se console avec un homosexuel en chaise roulante. On le voit on n’est pas dans une comédie musicale à flonflons mais Preminger faillit rafler la palme d’or à Cannes.

 

1972 : Cabaret : Le triomphe absolu de Liza, l’indémodable bijou de la comédie musicale dont il ne reste rien à dire à part « encore »

 

1975: Lucky Lady: Hollywood n’ayant jamais pu se remettre tout à fait des triomphes de “Funny Girl” et “Cabaret” va souvent tenter le doublé, toujours avec pertes et fracas. Revoici Sally Bowles ou peu s’en faut, devenue rousse pour brouiller les pistes lancée à tout berzingue aux trousses de Burt Reynolds et Gene Hackman. Stanley Donen rate le film autant qu’il est possible de rater un film et la belle promesse ne distille qu’un ennui prodigieux.

 

1976 : Silent Movie : Liza joue les guests pour Mel Brooks.

 

1977 : New-York, New-York : Martin Scorsese signe un chef d’œuvre. Le film est une perfection. Sur le plateau, de Niro s’amuse à perturber Liza en improvisant et elle réagit merveilleusement au point de littéralement voler les scènes ! Scorsese laisse tourner sa caméra, ravi  de l’aubaine.

 

1980 : Arthur : Il y a des années que l’on attendait un nouveau triomphe de Liza.

 

1987 : Rent a Cop : L‘échec du film sera abyssal et Liza remporte le « razzie award » de la pire actrice de l’année ! La perruque de Burt Reynolds aussi !

 

1988 : Arthur 2 On the Rocks : Arthur ayant fait un succès commercial prodigieux, en voici la suite qui comme toutes les suites n’eut qu’un seul résultat : le regret du prix dépensé pour le billet d’entrée. Le film connaîtra un échec tellement cuisant que les mauvaises langues prétendirent qu’il avait engouffré les bénéfices  d’Arthur premier ! Pour Liza, cet échec c’est deux flops en deux ans.

 

1991: Stepping Out: Une comédie musicale pour Liza et Shelley Winters!

 

2006: The Oh In Ohio:  Parker Posey n’ a jamais eu d’orgasme. Je sais ca peut surprendre dit comme ca, mais c’est le pitch!  Liza s’en mêle et joue les gourous avec une ancienne perruque de David Bowie

 


 

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