21 juin9 min de lecture

NICOLE MAUREY

La splendide Nicole Maurey naît le 20 Décembre 1925 à Bois Colombes dans la banlieue parisienne. Une banlieue intensément peuplée malgré cette dénomination plutôt bucolique mais à seulement 9 kms des Champs Elysées. La petite Nicole se rêve danseuse et fera son apprentissage pour devenir un jour une gracieuse étoile. Jusqu'à ce qu'elle fasse volte face et devienne une élève du conservatoire d'art dramatique. Elle est une élève de la très prestigieuse classe de Béatrix Dussane de la comédie française.

Elle s'y fera des amies pour la vie de Martine Sarcey et Frédérique Hébrard future madame Louis Velle.

On la découvre au cinéma à la libération dans un Paris qui se débarrasse de ses derniers occupants. Elle aura bientôt vingt ans. Elle incarne au grand écran un personnage de la comtesse de Ségur: Blondine. Une blonde princesse perdue dans une forêt enchantée et malmenée par une méchante belle-mère. Nicole plaît. Elle est lancée. Elle enchaîne aussitôt avec un second rôle dans un film où Renée Saint Cyr tient la vedette: "Pamela" Un tournage épique dont Renée se souvient dans ses mémoires "Le Hérisson puni", non à cause des qualités artistiques de l'œuvre mais pour avoir cavalé sous les bombes vers les abris en merveilleuse napoléonienne!

Mais Nicole n'est pas le seule nouvelle beauté offerte à la convoitise du public français en ces temps de liberté presque retrouvée.

Corinne Calvet et Denise Darcel, pour ne citer qu'elles sont nées à quelques mois d'intervalle, la même année qu'elle. Elles entendent bien, elles aussi se faire une place au soleil du plan Marshall. Concurrence rude et films encore rares. Il n'en faut pas plus pour que disparaisse des écrans aussi vite qu'elle y était arrivée, la belle Nicole Maurey.

On ne la retrouvera que...Quatre ans plus tard, en 1949, et dans des films qui pour être, peut-être, de qualité, n'ont aucun nom de grande vedette au générique. Point de Gérard Philipe ou de Jean Marais, point de Danielle Darrieux ou Edwige Feuillère. Plutôt Pierre Larquey ou la tragique Nicole Ladmiral. Par contre, et c'est plus inattendu, on la retrouve sur le parvis de la cathédrale de Rouen où elle donne "Jeanne devant ses juges" dirigée par Maurice Cazeneuve. Lequel épousera son amie et partenaire dans le spectacle: Martine Sarcey.

Et donc, pour Nicole, point non plus de visons, de Cadillac et d'escarpins bien fins. Ce sera encore l'imper, le béret, le mocassin et le métro. Ce qui tombe bien, d'ailleurs, parce que c'est précisément dans une rame du métro qu'elle rencontrera son futur mari. Un jour où l'affluence des passagers les avait enchaînés l'un à l'autre comme dans une chanson d'Edith Piaf . L'élu de son coeur est comédien comme elle. Jacques Gallo Le couple se marie en 1950; Nicole va bientôt avoir 25 ans, il en a 26.

En 1953, le destin va marquer une étape fulgurante dans le destin du jeune couple. Nicole est invitée à Hollywood. Elle y vient avec son mari que l'on ne considère même pas comme un chapeau de l'année précédente tant Nicole fascine les journalistes. Ils sont unanimes pour lui trouver une furieuse ressemblance avec Rita Hayworth. Mais une Rita tellement plus délicate avec cette "french touch" et cet "accent de Paris" si amusant.

Elle est là pour tourner avec Fernandel une coproduction franco hollywoodienne d'Henri Verneuil :"L'Ennemi Public numéro 1" dont la star féminine est la tempétueuse Zsa-Zsa Gabor. L’Amérique s'entiche d'elle. Même si on sait ce que durent ces folles flambées de passion pour les stars européennes: Le temps d'un box office au beau fixe.

Et pour Nicole, même si elle fut la partenaire de Bing Crosby et de Charlton Heston, l’engouement ne dura que peu, à peine plus d'un an.

Il est d'ailleurs injuste d'aller chercher dans le chef de Nicole son relatif échec américain. Les films qu'on lui donnait à défendre, tout prestigieux qu'ils soient n'étaient jamais que de prétentieux nanars à gros budgets. "Le secret des Incas", pour exemple, avec Charlton Heston. Affiche prometteuse de folles aventures en technicolor emmenant le spectateur transi jusqu'au sommet du Machu Picchu. C'est en réalité un de ces films où la distribution principale n'a pas quitté les studios, laissant à une seconde équipe le soin de crapahuter en d'exotiques confins en dirigeant une distribution de doublures dans les décors naturels. A noter d'ailleurs que la doublure de Nicole n'a ni la même coiffure ni la bonne couleur de cheveux. Le reste du spectacle n'a strictement aucun intérêt. Ces gens se chamaillent autour d'assiettes dorées qu'on refuserait sur une brocante et seule Yma Sumac présente quelque intérêt.

Entre 1953 et 1956, le couple Gallo fait de fréquents aller-retours entre Hollywood et Paris. Sans toutefois trouver un véritable matériel à se mettre sous le talent. Quelque chose qui ferait d'elle ou, pourquoi pas de lui, de véritables stars reconnues plutôt que ces espèces de curiosités exotiques qui font des films. Si elle tient un rôle d'entraîneuse fatale et désabusée dans "Weapon" en 1956, elle est trop brune dans un rôle court qui ne sert pas à grand chose.

Jacques Gallo ne s'était pas caché de craindre les charmes trop fracassants des futurs partenaires hollywoodiens de sa femme. Quelle ne dut pas être la surprise de Nicole lorsque son mari la quitta pour les beaux yeux de l'actrice anglaise aux yeux de chat siamois Valerie French. Le coquin mari avait rencontré la belle alors qu'elle tournait avec Nicole "The Constant Husband" mené par Rex Harrisson et Kay Kendall.

Valérie ne fit que peu d'usage de Jacques Gallo, Nicole ne voulut rien entendre et profita d'une proposition de Pierre Chenal pour regagner la France puis s'exila en Angleterre.

Nicole aurait pu jouer les belles outragées, les épouses bafouées. Mais hélas pour elle, elle se fit surprendre en la tendre compagnie de Maurice Ronet qui avait délaissé la belle Danielle Godet à son profit. Nicole Maurey et Maurice Ronet s'étaient exilés à Buenos Aires pour y tourner "Section des Disparus" sous la direction de Pierre Chenal. L'éloignement, l'exotisme avait fait son œuvre. Ils rentreront à Paris avec 11 valises de "souvenirs" ce qui coûta à la production 320.000francs de l'époque en excédents de bagages.

Les Gallo divorcèrent en 1960, Nicole continua sa carrière, ne connut plus jamais les délires journalistiques autour de sa personne comme elle les avait connus à Hollywood. Finalement, ça tombait bien, ça n'était pas vraiment fait pour lui plaire. Maurice Ronet ne tardera pas à lui préférer Anouk Aimée.

En 1961 elle participait au gala de l'union des artistes où elle dressait six chevaux, vêtue en ravissante écuyère 1900 et fut follement applaudie. L'année précédente elle était sacrée "actrice internationale" car elle avait dit-on, tourné dans tous les plus importants studios du monde. Paris, Londres, Rome, Hollywood, Berlin. On mettait sur le compte de son internationalisation sa gloire à éclipses. "Quand on croit Nicole Maurey disparue, c'est qu'elle tourne à l'étranger" Ses deux dauphines étant Leslie Caron et Dawn Addams.

Après avoir affronté quelques martiens pour le cinéma anglais, elle revint en France. Elle aborda les rôles d'élégante bourgeoise après avoir joué les vamp hollywoodiennes. Restée très belle et fine comédienne, elle tourna énormément pour la télévision, de moins en moins pour le cinéma, et retrouva son grand amour de toujours: le théâtre.

La nostalgie faisant, on s'inquiétait de voir sur un tournage de série télé une star qui avait connu les hautes heures d'Hollywood. Nicole s'en déclarait au contraire tout à fait ravie. "Cet Hollywood de l'âge d'or dont vous parlez n'existe plus de toute manière. Alors il n'y a rien à regretter ni même à comparer. Et pour commencer je suis comme une plante. Je suis française et quand on me déracine je dépéris. J'ai fait beaucoup de cinéma mais aucun film ne m'a rapporté autant de popularité qu'une bonne série TV. A Hollywood on ne m'a jamais demandé un autographe quand je faisais le plein à la station service. Ici tout le monde me salue quand je fais mes commissions rue Lepic avec ma maman."

Sa maman avec qui elle vivait désormais.

Nicole tira sa révérence professionnelle en 1985 avec une pièce de Molière: "L'Ecole des Femmes". Elle avait 60 ans, estima qu'elle avait assez travaillé et se retira de la vie publique.

Cette femme si belle et aimée de tous fut plus célèbre encore pour sa gentillesse que pour sa beauté pourtant exceptionnelle.

Elle avait son propre site web où vous pouviez toujours lui laisser un petit mot pour lui dire que vous l'aimez et qu'elle n'était pas oubliée. Cela lui faisait plaisir et elle vous répondait gentiment.

Nicole Maurey s'en est allée tout doucement le 11 mars 2016 à l'âge de 90 ans.

Celine Colassin

QUE VOIR?

1945: Blondine: Avec Georges Marchal et Michèle Philippe

1945: Pamela: Avec Renée Saint Cyr, Fernand Gravey et George Marchal

1945 Le Cavalier Noir: Avec Georges Guetary et Mila Parely

1951: Le Journal d'un Curé de Campagne: Avec Claude Laydu et Nicole Ladmiral

1952: Rendez-Vous à Grenade: Avec Luis Mariano

1953: Opération Magali: Avec André le Gall, Georges Flamant et Catherine Gay

1953: L'Ennemi Public Numero Un: Avec Fernandel et Zsa-Zsa Gabor

1953: Little boy lost: Avec Christian Fourcade, Bing Crosby et Claude Dauphin

1954: Le Secret des Incas: Avec Charlton Heston, Robert Young et Yma Sumac

1954: Si Versailles m'était Conté: de et avec Sacha Guitry

1955: Napoléon: de et avec Sacha Guitry

1955: The Constant Husband: Avec Kay Kendall, Rex Harrisson et Valerie French.

1956: The Weapon: Avec Steve Cochran.

1956: Section des disparus avec Maurice Ronet

1957: Action Immédiate: Avec Barbara Laage, Lino Ventura et Henri Vidal

1958: Moi et le Colonnel: Avec Danny Kaye et Curd Jurgens

1959: The House of the Seven Hawks: Avec Robert Taylor et Linda Christian

1959: Le Bouc Emissaire: Avec Bette Davis et Alec Guiness

1960: High Time: Avec Bing Crosby, Fabian, Yvonne Craig et Tuesday Weld

1961: Why Bother to knock:Avec Elke Sommer et Richard Todd

1965: Pleins Feux sur Stanislas: Avec Jean Marais, Nadja Tiller et Bernadette Lafont

1966: Sale Temps pour les Mouches: Avec Patricia Viterbo et Gérard Barray

1977: Gloria: Avec Sophie Grimaldi, Maurice Biraud et Valérie Jeannet

hu Picchu

Entre 1953 et 1956, le couple Gallo fait de fréquents aller-retours entre Hollywood et Paris, sans trouver un véritable matériel à se mettre sous le talent qui ferait d'elle ou, pourquoi pas, de lui, de véritables stars reconnues plutôt que ces espèces de curiosités exotiques qui font des films. Jacques Gallo ne s'était pas caché de craindre les charmes trop fracassants des futurs partenaires hollywoodiens de sa femme.

Quelle ne dut pas être la surprise de Nicole lorsque son mari la quitta pour les beaux yeux de l'actrice anglaise aux yeux de chat siamois Valerie French!

Le coquin mari avait rencontré la belle alors qu'elle tournait avec Nicole "The Constant Husband" mené par Rex Harrisson et Kay Kendall. Valérie ne fit que peu d'usage de Jacques Gallo, Nicole ne voulut rien entendre, profita d'une proposition de Pierre Chenal pour regagner la France puis s'exila en Angleterre. Les Gallo divorcèrent en 1960, Nicole continua sa carrière, ne connut plus jamais les délires journalistiques autour de sa personne comme elle les avait connus à Hollywood, ce qui finalement, ça tombait bien, n'était pas vraiment fait pour lui plaire.

En 1961 elle participait au gala de l'union des artistes où elle dressait six chevaux, vêtue en ravissante écuyère 1900 et fut follement applaudie.

Après avoir affronté quelques martiens pour le cinéma anglais, elle revint en France, aborda les rôles d'élégante bourgeoise après avoir joué les vamp hollywoodiennes. Restée très belle et fine comédienne, elle tourna énormément pour la télévision, de moins en moins pour le cinéma, et retrouva son grand amour de toujours: le théâtre. Nicole tira sa révérence professionnelle en 1985 avec une pièce de Molière: "L'Ecole des Femmes". Elle avait 60 ans, estima qu'elle avait assez travaillé et se retira de la vie publique.